Les origines

De nombreux sites  en France portent le nom de Bois Dieu. Rien que dans le département du Rhône, on compte six « Bois Dieu ». Tous ont comme origine commune l’existence d’un bois sacré qui était pour les Gaulois un lieu de cultes.

A la fin de l’empire romain, sous l’impulsion de Saint-Martin (316 – 397), ancien officier  de la Légion devenu évêque de Tours, les Chrétiens  entreprennent d’évangéliser les campagnes, y créant partout des églises sur les anciens sites religieux païens. Une très ancienne chapelle est alors érigée au Bois Dieu.

Première occupation permanente

C’est au Moyen âge, vers 1339, qu’un four à chaux est construit dans les bois du Bois Dieu. En 1370, apparaît la première trace écrite du Bois Dieu (Bosco Dei). Elle fait mention d’un petit hameau dont les habitants, qui vivent reclus, sont appelés « les loups » par les villageois.

La constitution du domaine

– Lyon, aux XV° et XVI ° siècles, connaît une forte expansion économique. Les riches citadins achètent des terres à la campagne pour passer l’été loin du tumulte de la cité.

– Antoine du VERDIER, Sieur de VAUPRIVAT, contrôleur général des Finances de Lyon et écrivain renommé, achète des terres au Bois Dieu qui jusque là était morcelé.

– Son fils Claude du VERDIER, lui aussi bibliographe, va revendre, le 8 mai 1605, les terres acquises par son père, à Antoine BAUD, marchand tanneur à Lyon.

– Le fils de ce dernier, qui se fait appeler Antoine LEBAUD, est contrôleur des finances de la ville de Lyon. Son père ne lui ayant pas payé la dote promise à son mariage, il n’hésite pas à faire saisir et vendre les biens de son père alors âgé de 65 ans.

– En 1672, il vend les terres du Bois Dieu  à André CLAUSTRIER qui est également receveur général des finances de Lyon. Ce dernier fait construire une ferme avec four, étable et pigeonnier. Ces bâtiments ne seront détruits qu’en 1976 pour laisser place au groupe scolaire. Monsieur CLAUSTRIER est très riche. Il fait construire le château de Bois Dieu, aux environs de 1680 Il fait aussi détruire la vieille chapelle  qui remonte à la fin de l’ère romaine et la remplace par une nouvelle. Il mène grande vie et fréquente les puissants de Lyon. Il a une maîtresse ruineuse qui habite Ainay. Il est condamné pour fausse monnaie le 8 novembre 1684 et les scellés sont posés sur le château de Bois Dieu le 29 mai 1690.

– Jacques MILLIERE, receveur des tailles de Lyon, acquiert tous les biens d’André CLAUSTRIER, le 14 septembre 1695. Il vit en permanence au château et y meurt le 21/04/1719.

– Sa fille Madeleine héritera alors du château de Bois Dieu.

– Elle léguera à son tour, en avril 1760, le château à ses  trois filles restées célibataires : Marie-Madeleine, Gabrielle, et Jeanne. De 1762 à 1815, les trois sœurs vont conserver intact le domaine où elles vivent en permanence. Pendant la révolution, elles iront se réfugier à Lyon mais passent l’été au château. La dernière des filles, Marie-Madeleine, meurt en 1815, après avoir connu l’occupation du château par les armées Autrichiennes lors de la bataille de Limonest, l’une des dernières grandes batailles de l’épopée napoléonienne (20 mars 1814).

– Marie-Madeleine TROLLIER lègue le château à Mme Veuve ROCOFFORT qui possède aussi le château de DOMMARTIN. Celle-ci conservera le domaine jusqu’en 1829 et y fera des travaux.

– Ayant besoin d’argent, elle vend les meubles puis le château, le 30 décembre 1829, à M. GOURD, marchand à Lyon, qui garde le domaine 7 ans et fait de grands travaux, agrandissant notamment le château, ajoutant ses deux ailes et construisant son mur d’enceinte.

– M. GOURD revend le domaine le 4 avril 1837 à Joseph Marie Léon  de FLEURDELIX, riche industriel originaire de Rives de Giers. Il fait du domaine de Bois Dieu une des plus belles propriétés des environs de Lyon.  Il sera maire de Lissieu pendant de longues années. En 1850, une nouvelle chapelle (l’actuelle) est construite.

– Léon FLEURDELIX meurt en 1859. Son épouse continue à vivre au château de Bois Dieu, recevant beaucoup. Le Maréchal de Mac MAHON, Duc de Magenta, sera invité à la chasse au Bois Dieu.

– Mme FLEURDELIX meurt le 29 janvier 1895, sans enfants et lègue le domaine à son neveu, André DEVIENNE, qui le revend le 16 février 1911 à Charles JACQUEMONT, prête nom de l’Archevêché de Lyon qui pensait faire du château une résidence pour religieux âgés.

– Finalement, le château est loué à Louis NEYRON, industriel lyonnais créateur de la marque RASUREL en 1884, qui cherche une résidence au calme. Il finit par acheter le domaine le 29 novembre  1915. Mais M. NEYRON ne profitera pas longtemps de son château. Il meurt en avril 1917, laissant une veuve, Félicie de Louvat de CHAMPOLLON et quatre enfants. Sa veuve conserve le château et le gère avec l’aide d’un régisseur.

En juin 1940, lors des violents combats de Lissieu – Chasselay, une embuscade a lieu au Grand Creux, devant les murs du château de Bois Dieu. Quatre soldats y trouveront la mort.

En 1944, au moment de la déroute de l’armée allemande, le château est occupé quelques jours par les terribles soldats Mongols de l’armée Vlassof, revenant de leur triste besogne dans le Vercors. Ils seront remplacés par une division SS.

Le 3 septembre 1944 au matin, les habitants du hameau de Bois Dieu, réunis sur la place des Loups, voient arriver les premiers chars français de l’armée Française Libre. Un escadron du 8°Régiment  de Chasseurs d’Afrique stationnera quelques jours au château, avant de reprendre le chemin de la guerre à la poursuite des allemands.

Après guerre, la vie au domaine reprend au rythme des travaux agricoles

– A la mort de Mme NEYRON, à 92 ans, le 7 novembre 1962, ses héritiers conservent le domaine pendant encore 11 ans.

– L’autoroute Paris Lyon est construite en 1968 : Bois Dieu n’est plus désormais qu’à 15 mn de Lyon ! Cela donne des idées à un promoteur qui traite avec les héritiers. Il construit 350 maisons (télécharger la plaquette commerciale ici) et s’engage à conserver le château et la chapelle. La ferme du château est détruite, mais le château doit démoli ! Mais un groupe d’habitants du Bois Dieu arrive à mobiliser les bonnes volontés et font accepter la restauration du château (1977 – Les villageois des temps modernes, télécharger).

– La chapelle est restaurée et inaugurée le 24 septembre 2005.